L’électricité produite par la centrale nucléaire de Mühleberg n’est pas rentable: les mesures de rééquipement prévues par le groupe BKW rendront l’électricité produite par Mühleberg deux fois plus chère que le prix du marché. La centrale de Beznau risque de connaître le même sort. La loi sur l’approvisionnement électrique prévoit pourtant que seuls les coûts d’une „production efficace“ soient imputables aux consommateurs. Le groupe BKW pourrait baisser ses tarifs si la centrale de Mühleberg était désaffectée. La fondation de protection des consommateurs SKS ainsi que des représentants du PS et des Verts réclament un examen par l’ElCom.
Depuis les modifications apportées à l’ordonnance sur l’approvisionnement électrique du 1er mars 2013, les centrales nucléaires sont autorisées à facturer des coûts supérieurs aux prix du marché aux consommateurs, dans la mesure où ces coûts se justifient par une „production efficace“. La fondation de protection des consommateurs SKS, le PS du canton de Berne ainsi que les Verts du canton de Berne ont présenté une requête à l’ElCom qui réclame un examen approfondi de ces conditions ainsi qu’une réduction des tarifs générale du groupe BKW. Une enquête à ce sujet menée par Rudolf Rechsteiner sur mandat de Greenpeace démontre : � ��� qu’une prise en compte correcte des charges permet d’estimer le prix de l’électricité produite par Mühleberg à 9,1 ct/kWh, soit deux fois plus que le prix du marché jusqu’en 2019 : la marge sur coût variable n’est donc plus en concordance avec le marché ; ��� que des travaux de modernisation à priori impossibles à amortir feront grimper le prix de l’électricité fournie par Mühleberg à 11 ou 15 ct/kWh. Des frais supplémentaires estimés entre 350 et 750 millions de francs menacent donc de peser sur le groupe BKW et sur les consommateurs ; ��� que les rénovations spontanées entreprises par de nombreux exploitants de centrales nucléaires après la catastrophe de Fukushima ne sont pas comprises dans ces calculs, pas plus que les coûts induits par les périodes d’arrêt ainsi que l’augmentation des frais d’élimination causés par l’accumulation de déchets radioactifs. � Il revient à l’ElCom de décider s’il est admissible ou non, d’un point de vue juridique, que les coûts d’exploitation futurs de la centrale ainsi que les coûts induits par les mesures de rééquipement puissent être facturés à discrétion aux clients affiliés. Roland Näf, président du PS du canton de Berne ainsi que Jan Remund, vice-président des Verts du canton de Berne déposent une requête auprès de l’ElCom afin de solliciter une pré-enquête. « Nous avons des indications claires que la production électrique de Mühleberg est inefficace et que l’imputation de ses coûts d’exploitation aux consommateurs est illégale », explique Roland Näf. � La problématique concerne également la centrale nucléaire de Beznau. D’après Sara Stalder, directrice de la fondation de protection des consommateurs SKS, moderniser un outil non-rentable signifie augmenter les coûts pour les petits consommateurs de façon malicieuse. « Nous nous opposons fermement à cette augmentation abusive », confie-t-elle. � La centrale nucléaire a annoncé au mois de juin 2013 une augmentation de ses tarifs de 9,7 pour-cent. Des mesures de rééquipement à Mühleberg rendraient l’électricité produite encore plus chère qu’elle ne l’est déjà. La fondation de protection des consommateurs SKS ne voit pas cela d’un bon œil: « Les consommateurs ne doivent pas être considérés comme les vaches à lait des centrales nucléaires vétustes », ajoute Sara Stalder. � Pour Jan Remund, vice-président des Verts du canton de Berne, les modernisations d’anciennes centrales nucléaires ne sont pas justifiables : le marché offre un approvisionnement nettement moins cher (5 ct/kWh). « Cela laisserait enfin la voie libre à des investissements dans le domaine des énergies renouvelables », ajoute-t-il. Un démantèlement rapide de la centrale de Mühleberg apparaît comme la solution la plus propre et la moins coûteuse.
